L'e-mail aux Ephésiens
Ephèse. Dans l'actuelle Turquie. Fief
légendaire des Amazones. Trésorerie générale de l'Asie. Première
des douze cités de la confédération ionienne. Ephèse grecque,
patrie d'Artemis, drainant à elle foule de pèlerins et philosophes.
Ephèse romaine, cosmopolite où, en 53, l'apôtre Paul s'installa
pour prêcher et fonder l'une des sept églises de l'Apocalypse.
Ephèse destinataire de l'épître (ou lettre) du même saint Paul
aux Ephésiens. Celle qui pendant près de quinze siècles fut source
d'orgueil et de convoitise n'est aujourd'hui plus que ruines. De la
cité haute, je contemple ses vestiges de marbre blanc scintillant
sous le soleil d'avril.
Franchement débarqué de Paris, j'ai
encore le bourdonnement des voitures et le souffle des ventilateurs
d'ordinateurs dans la tête. Mais le vent printanier les entraîne
irrésistiblement au loin, dans des bouffées de senteurs de fleurs,
laissant sourdre du sol le chuchotement des pierres et des esprits
anciens. Ephèse, comme tous les vestiges antiques, s'empare de l'âme
du voyageur, le plongeant dans un rêve éveillé pour lui dire la
grandeur et la vanité des choses et des êtres.